Le secteur de l’hôtellerie-restauration traverse une crise profonde que trop peu regardent en face. Les chiffres sont pourtant sans appel : 5 358 défaillances d’entreprises en 2022, 7 990 en 2023 (+46 %), 8 714 en 2024 (+10 %).
Et déjà 4 773 défaillances recensées au 1er semestre 2025, soit une nouvelle hausse de 10 % sur un an.
La seule restauration traditionnelle enregistre une hausse de plus de 20 % des défaillances au deuxième trimestre 2025.
En trois ans, le nombre de défaillances dans notre secteur a augmenté de 62,6 %. Et dans deux cas sur trois, cela se solde par une liquidation.
Les causes sont connues : un net ralentissement de l’activité, masqué par une hausse des prix qui fausse les chiffres d’affaires ; des charges d’exploitation qui explosent – matières premières, énergie, salaires. Résultat : selon l’Observatoire Fiducial, la rentabilité nette d’un restaurant est tombée de 11 % en 2023 à 3 % en 2024.
Dans ces conditions, rembourser ses dettes ou les PGE devient impossible, et le crédit se ferme : seuls 3 restaurants sur 10 et 4 hôtels sur 10 sont aujourd’hui encore éligibles à un refinancement (source : Banque de France).
Face à cette crise silencieuse, il est urgent d’agir pour préserver la pérennité et la compétitivité des entreprises du secteur.
Des mesures peuvent être prises rapidement, sans coût pour les finances publiques, afin de soutenir les entreprises.
D’abord, le vote au plus vite du choc de simplification promis par le gouvernement, pour alléger les charges et libérer les entreprises d’une complexité devenue insoutenable. Des mesures sont très attendues, comme la mensualisation des loyers ou la faculté de changer sans frais d’opérateur d’énergie.
Ensuite, une réforme du travail adaptée à notre réalité, avec la sécurisation du recours à des travailleurs temporaires, notamment sous forme de CDDU ou d’auto-entrepreneurs, pour permettre aux professionnels de répondre à la demande lorsqu’elle est là et d’arrêter de refuser des clients. Nous ne pouvons plus nous le permettre !
Enfin, en corrigeant sans délai le projet de loi de modernisation des titres-restaurant, qui prévoit de pérenniser leur usage alimentaire sans double plafond distinguant la restauration de la grande distribution. Cette dérogation a déjà coûté plus de 1,5 milliard d’euros au secteur : elle affaiblit encore chaque jour un secteur à bout de souffle.
Notre pays est en déficit. La consommation recule. Et les cafés, hôtels et restaurants, piliers du lien social et de l’économie de proximité, s’effondrent dans l’indifférence générale.
Le GHR appelle à une réponse rapide, structurelle et courageuse.
Le travail continue.
Catherine QUÉRARD,
Présidente