Chers collègues, chers amis,
Comme moi, vous avez pu lire la dernière provocation de la direction d’Airbnb, qui invite désormais les décideurs français à s’attaquer à « l’impact prépondérant des hôtels sur le surtourisme ».
Selon la plateforme, les hôtels seraient les principaux responsables de ce phénomène puisqu’ils « sont souvent concentrés dans les zones les plus fréquentées » et qu’ils totalisent près de 80 % des nuitées touristiques.
Airbnb ne manque pas de culot, car chacun le sait : le véritable facteur amplificateur du surtourisme n’est pas l’hôtellerie traditionnelle, mais bien la croissance exponentielle des locations de courte durée via les plateformes numériques.
Pourquoi ?
Parce que l’offre hôtelière fait l’objet, en France et depuis de nombreuses années, d’une régulation et même d’une planification, permettant aux maires d’anticiper et de gérer les capacités touristiques de leurs villes.
Ce n’est précisément pas le cas des meublés de tourisme, qui ne nécessitent aucune autorisation préalable d’ouverture et se sont développés de manière totalement anarchique.
Mais ce qu’il importe surtout de dénoncer ici, c’est la stratégie d’Airbnb, qui préfère manifestement déplacer le débat sur le surtourisme — où les responsabilités sont multiples — plutôt que d’assumer sa propre responsabilité majeure dans la pénurie de logements que connaît aujourd’hui notre pays.
Et pourtant, leurs propres chiffres le confirment : Airbnb revendique une présence dans 99 % des codes postaux de Paris et de la région parisienne, quand les hôtels ne sont implantés que dans une ville sur deux.
Oui, Airbnb le reconnaît : son offre dépasse largement les frontières des sites touristiques habituels, dédiés au tourisme. Et c’est précisément cette implantation tous azimuts qui réduit considérablement l’offre de logements pour nos concitoyens et dégrade leur qualité de vie.
Ne nous laissons pas entraîner dans un faux débat.
La location de meublés de tourisme et les plateformes qui les facilitent doivent faire l’objet d’une régulation sur l’ensemble du territoire, comme le prévoit la loi dite « anti-Airbnb » votée en novembre dernier.
Le sujet, c’est le logement, pas le surtourisme.
Le travail continue.
Catherine QUÉRARD
Présidente