L’Umih et le GNC ont signé un avenant à la Convention collective des hôtels, cafés, restaurants augmentant les salaires des apprentis. Cet accord doit, selon ces deux organisations, « permettre aux apprentis de compenser la perte de leur salaire causée par la hausse de leurs cotisations imposée par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 et œuvrer pour l’attractivité de l’apprentissage dans la branche des HCR ».
Le GHR a refusé de signer cet accord et s’en explique.
La rémunération des apprentis est un sujet important qui a déjà fait l’objet d’une attention particulière puisque depuis décembre 2023 un accord intègre les apprentis à la grille de classification des emplois du secteur leur permettant ainsi de bénéficier des augmentations de salaires consécutives à leur progression au sein de cette grille (l’augmentation est de l’ordre de 10€ par mois pour un apprentis).
Emmanuel Achard, Président de la Commission Sociale et Négociateur du GHR, ajoute : « Nous avons proposé d’attendre que soit connu l’impact de cet accord avant de prendre un nouvel engagement sur ce même sujet. Cela relève du bon sens ».
Cette mesure ne répond pas à une demande des apprentis : Bien que la rémunération soit un critère non négligeable, ce n’est pas le critère déterminant pour les apprentis ou leurs familles lors de la sélection d’un apprentissage, contrairement à la qualité de l’enseignement et aux conditions de travail. La qualité de la formation, l’accompagnement en entreprise et les conditions de travail sont les véritables priorités.
Cette mesure profite à seulement 5% des salariés du secteur HCR : il y a 40 000 apprentis dans l’hôtellerie-restauration pour 800 000 salariés.
Cette mesure représente un coût non négligeable pour les entreprises. À titre d’exemple : le salaire mensuel d’un jeune apprenti mineur en 1ère année va augmenter de 180€, soit près de 30%. En 2ème année, l’entreprise devra supporter une nouvelle augmentation de 15% supplémentaire.
Le coût de cette mesure compromet sérieusement l’adoption d’autres initiatives, pourtant très attendues par les apprentis et les salariés, notamment en matière de conditions de travail.
Le GHR proposait de mettre en place un dispositif pour réduire le travail en coupure et le compenser financièrement. Cependant, la revalorisation des salaires des apprentis réduit considérablement les marges de manœuvre financières des entreprises.
Cette mesure intervient alors que la situation économique des entreprises est tendue. Le coût du travail augmente avec la diminution des allégements sur les bas salaires, et celui des apprentis encore plus avec l’abaissement à 50% du seuil d’exonération des charges sociales (contre 79% auparavant), avec aussi la réduction de l’aide à l’embauche des apprentis et bientôt la participation financière des entreprises au coût de la formation dans les CFA, ces derniers se heurtant à une baisse de leurs subventions.
Pour Catherine Quérard, Présidente du GHR « Cette nouvelle augmentation du coût des apprentis est une menace directe pour leur avenir dans nos entreprises. Si les employeurs ne peuvent plus les embaucher, c’est tout le système de formation en alternance qui s’effondre. Et avec lui, notre capacité à former les salariés de demain. À force de décisions déconnectées des réalités économiques, on risque de tuer l’un des rares leviers efficaces pour attirer et fidéliser les jeunes dans notre secteur. »