Un management qui a pour effet de dégrader les conditions de travail des salariés peut justifier le licenciement pour faute grave du manager :
Dans une affaire du 4 juin 2025, la Cour de cassation a eu à se pencher sur le licenciement pour faute grave d’un manager ayant 28 ans d’ancienneté, aucun dossier disciplinaire et des entretiens annuels excellents, qui ne relevaient aucun comportement inapproprié.
Dans la lettre de licenciement, il était reproché au manager ses méthodes de management caractérisées par la dévalorisation et la dégradation des conditions de travail de ses subordonnés, ses difficultés à travailler avec les femmes, l’instauration d’un climat de crainte au sein de son équipe, un déficit d’accompagnement managérial, ainsi que des propos portant atteinte à la dignité :
- « Je te croyais capable de mieux » ;
- « Celle que tu remplaces avait compris » ;
- « Tu devrais faire mieux qu’elle » ;
- « Ah tiens, tu es là, toi » adressé à un salarié à temps partiel »
- « On sait très bien que tu ne rends pas ton travail dans les délais » ;
- « On te connaît, tu es toujours en retard sur tes dossiers ».
Compte tenu de la dégradation des conditions de travail des membres de son équipe (justifié à la fois par des attestations circonstanciées et par le courrier du médecin du travail) et de l’impact sur leur santé qui en a découlé, la faute grave a bien été retenue par la Cour de cassation, malgré la très grande ancienneté du salarié.
La Cour a d’ailleurs retenu que le grief ne concernait pas la liberté d’expression mais un abus de celle-ci, par la tenue de propos qui ne se limitaient pas à exprimer une opinion mais exprimaient des positions qui portaient atteinte à la dignité de ses collègues, et ce, même en l’absence de harcèlement moral.
Sources : Cass. soc., 4 juin 2025, n° 23-20.600
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